Un collectif grenoblois milite pour réintroduire les cabines téléphoniques
Par Thomas Pueyo
Le 27 mars 2022 à 10h08
Un collectif basé à Grenoble, qui dit «stop à la numérisation de nos vies», a symboliquement réinstallé une cabine téléphonique dans un parc.
« Tu ne devineras jamais d’où je t’appelle ! » Dans le parc Marliave, à Grenoble (Isère), Paul passe un coup de fil à une amie grâce à… une cabine téléphonique. Elle est faite en bois, bricolée, mais fonctionne parfaitement. « Ça me replonge dans mes années lycée », sourit le quinquagénaire, combiné à l’ancienne vissé sur l’oreille. Son inauguration a eu lieu en grande pompe devant une cinquantaine de curieux, ce vendredi 25 mars, sous l’impulsion de l’Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques (OIRCT).
« Une première mondiale », affirme, non sans humour, le collectif imaginé par le journal satirique local Le Postillon. Il réclame la réinstallation de 22 cabines à Grenoble, qui en comptait 400 avant l’avènement du portable. « C’est à la fois une blague et très sérieux », confie Vincent Peyret, l’un de ses fondateurs.
« On n’est ni nostalgique ni pour le retour du minitel. La cabine téléphonique est un symbole pour dire stop à la numérisation de nos vies, revendiquer un droit à vivre sans smartphone, sans fil à la patte. Le message est d’autant plus fort à Grenoble, présenté comme la Silicon Valley française. Le tout numérique laisse aussi beaucoup de monde sur le bord de la route, complique l’accès aux services publics ou à des aides. »
Des enfants tournent autour d’une cabine bariolée éphémère : « C’est quoi ce truc ? Pourquoi on s’enfermait pour téléphoner avant ? » s’interrogent-ils. Un peu plus loin se trouve la cabine qui se veut pérenne, avec un panneau « Téléphone public ». Le coup de fil est gratuit. Fleur, 7 ans, teste l’appareil et joint sa maman, lui raconte où elle est. « C’est la première fois que j’utilise une cabine ! C’est pratique, on peut appeler dans la rue sans portable… », sourit la fillette grenobloise.
Première réinstallation de cabine !
Le 25 mars, un évènement unique s'est déroulé sur Grenoble. Une réinstallation d'une cabine téléphonique opérationnelle et gratuite a vu le jour dans le parc Marliave de Grenoble. Voici des extraits d'articles parus dans Reporterre et Place Gre'net qui relatent l'évènement.
À Grenoble, le retour théâtral des cabines téléphoniques
À Grenoble, un collectif a inauguré une nouvelle cabine téléphonique publique. Il s’agit d’« une première mondiale ». Un geste pour rire, mais aussi pour interroger la place que prennent les téléphones portables dans notre société.
29 mars 2022 à 09h37
Mis à jour le 31 mars 2022 à 09h49
« Vous pouvez maintenant dire adieu à vos téléphones portables ! Vous n’en avez plus besoin. » Invitation accueillie par un éclat de rire général. Vendredi 25 mars, dans un parc de Grenoble, était inaugurée une nouvelle cabine téléphonique publique. « Une première mondiale », d’après l’OIRCT — comprendre l’Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques.
Le rassemblement d’une cinquantaine de personnes tenait plus de la blague de potache que de l’événement officiel. Bien que précédé d’un discours prononcé au nom de la région Auvergne-Rhône-Alpes « qui a débloqué une subvention exceptionnelle de 74 euros », selon un hypothétique vice-président à la réinstallation des cabines téléphoniques, qui a demandé à son auditoire d’excuser « Laurent Wauquiez [qui] n’a pu se déplacer ».
« L’OIRCT est — pour l’instant — un collectif, qui compte une centaine d’adhérents et une dizaine de membres actifs », détaille Vincent Peyret. Ce dernier est le directeur de publication du Postillon, journal satirique local, qui a lancé en février 2021 un « cri de la cabine ». L’équipe rédactionnelle se retrouve d’ailleurs en partie au sein de l’OIRCT. « Mais le collectif va au-delà avec des personnes qui ne font pas partie de la rédaction », ajoute le journaliste.
Le téléphone n’a pas non plus tout à fait un aspect officiel : il est posé sur une tablette de bois contre les toilettes sèches du parc et protégé par une boite en plexiglas recouverte d’une plaque bleue sur laquelle on peut lire : « Ici la Région Auvergne-Rhône-Alpes investit pour les cabines ». Il est néanmoins bel et bien fonctionnel, comme l’ont attesté les premiers utilisateurs.
« Il marche en fait sur batterie et avec une carte SIM prépayée, une solution technique qui ne nous convient pas vraiment », concède Vincent Peyret. « Mais c’est un prétexte. […] Nous revendiquons le droit de vivre sans téléphone portable. » Car si l’événement tend à faire sourire, il veut aussi donner à réfléchir : « Les cabines téléphoniques sont à l’image du service public », complète Alice, autre membre du collectif. « La cabine est à l’opposé des téléphones portables et de l’individualisation de notre société. Et un coup de fil passé d’une cabine ne peut pas être tracé. Nous voulons avoir la liberté de ne pas être pistés, numérisés, flashcodé ou QRcodisés. » Une lutte « indispensable autant que dérisoire », revendique le manifeste de l’OIRCT.
Ce n’est pas le premier événement de ce collectif. Peu après sa fondation, un « concert de téléphone » avait été organisé le 30 avril 2021 à proximité de la dernière cabine existante de l’agglomération. Le 22 octobre, une cabine téléphonique mobile avait été déplacée sur plusieurs places de la ville. Depuis, un site internet a été créé avec la vocation de devenir « un site ressource » qui recense l’actualité des cabines téléphoniques : « En Australie, par exemple, il y a 15 000 cabines publiques et elles sont désormais gratuites. Preuve qu’elles ont encore un rôle à jouer. » dit Vincent Peyret. « On a aussi recensé 400 endroits dans l’agglomération où étaient situées d’anciennes cabines. On donne des pochoirs aux personnes qui veulent les matérialiser. »
Mais le public du jour était surtout incité à aller voter le lendemain : un projet d’installation de 22 cabines était en lice dans le budget participatif de la ville. Un appel visiblement bien reçu puisque le projet a été retenu parmi les 32 présélectionnés suite à la délibération. Avant cela, les futurs électeurs étaient invités à prendre un verre… un peu plus loin. Le parc ayant été fermé quelques minutes auparavant par la police municipale, les militants ont su une nouvelle fois faire face à l’adversité.
« Remontada » des cabines téléphoniques : une première installation pérenne inaugurée dans le parc Marliave de Grenoble
28/03/2022
placegrenet.fr
Par Joël Kermabon
Le collectif Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques (OIRCT) a inauguré le retour d’une première cabine publique ce vendredi 25 mars 2022, parc Marliave à Grenoble. Le premier jalon d’une « remontada » impulsée par le collectif qui espère pouvoir en installer d’autres, rappelant qu’il en existait 420 à Grenoble avant leur disparition du paysage urbain.
« C’est une première mondiale puisque nulle part ailleurs des cabines téléphoniques ont été réinstallées. À Grenoble ou ailleurs, il y en aura de plus en plus », a assuré Vincent Peyret, le rédacteur en chef du journal satirique Le Postillon. L’Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques (OIRCT) inaugurait en effet symboliquement, ce vendredi 25 mars 2022 à 18 heures, le retour d’une première cabine publique « pérenne », parc Marliave, au cœur du quartier Berriat à Grenoble.
Il s’agit là de la suite concrète de la démarche impulsée par le collectif depuis le printemps 2021, en réaction « à la numérisation de nos vies », après la disparition progressive des cabines téléphoniques en France. Notamment, le 30 avril 2021, avec un concert de téléphones devant la dernière cabine existante à Grenoble, celle du fort du Rabot sur les pentes de la Bastille.
Réinstallation d’une cabine téléphonique à Grenoble ce vendredi 25 mars 2022 : une « première mondiale »
23/03/2022
Par Joël Kermabon
Place GRE’NET
FLASH INFO – L’OIRCT1 annonce la réinstallation d’une cabine téléphonique publique ce 25 mars 2022, au cœur du quartier Berriat à Grenoble. Une « première mondiale », explique l’observatoire, après des années d’éradication progressive de ces cabines dont le téléphone portable a signé l’arrêt de mort.
« Allo, allo, allo ? » C’est par cette interjection réflexe utilisée au décroché de nos téléphones que l’Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques (OIRCT) a introduit l’annonce, ce 22 mars 2022, d’une « première mondiale » – excusez du peu – à Grenoble. En l’occurrence, le retour d’une première cabine téléphonique « pérenne » ce vendredi 25 mars à partir de 18 heures, dans le parc Marliave, mitoyen de la rue Max-Dormoy, quartier Berriat.
Ce alors que ces cabines, encore au nombre de 300 000 en France en 1997, ont progressivement disparu de nos paysages urbains depuis 2018. Et que « le nombre de spécimens fonctionnels dans toute la France se compte sur les doigts d’une main », indique l’OIRCT.
L’Observatoire, fondé au printemps 2021 avait déjà installé une cabine téléphonique éphémère, mobile et fonctionnelle en différents lieux de la capitale des Alpes, le 22 octobre 2021. Vincent Peyret, rédacteur en chef du journal satirique grenoblois Le Postillon et membre de l’observatoire, l’avait alors testée. Et avait auguré avec enthousiasme une prochaine « remontada des cabines téléphoniques » pour « inverser la tendance ».
Le mouvement est donc amorcé, avec un tout premier exemplaire qui sera « utilisable gratuitement par tout le monde les jours suivants », assure l’OIRCT. Sans préciser toutefois de quelle manière ladite cabine sera reliée au réseau téléphonique2.
« Quand les cabines refleuriront (de) partout dans les rues, vous pourrez dire : “j’y étais” »
Si loufoque que puisse paraître l’idée, elle n’est pourtant que la suite logique « d’un combat pour la liberté », avait revendiqué Vincent Peyret. Celle de ne pas posséder de téléphone portable afin de ne pas « être pisté, tracé, calculé, évalué, “flashcodé”, “QR-codisé” ». Des téléphone portables – pour la plupart des smartphones chronophages – devenus quasi incontournables dans notre société de consommation, avec pour seule perspective la « numérisation générale » pour réaliser « quantité d’activités anodines de la vie quotidienne ».
Pour l’OIRCT, la cause est entendue : « Cet événement fera date dans l’histoire des télécommunications émancipatrices », anticipe-t-il. Avant de promettre que « dans quelques années, quand les cabines refleuriront (de) partout dans les rues, vous pourrez dire : « j’y étais ». »